L’histoire du café
Les historiens sont presque unanimes sur le fait que les grains de café (en fait, les « noyaux ») ont d’abord été consommés tels quels, et non sous forme de boisson, en Éthiopie, en Afrique de l’Est, autour de 575 avant JC. Plusieurs légendes rendent compte de la découverte du café.
L’histoire la plus populaire s’est déroulée aux pieds des collines du Yémen en 850 avant JC. Un berger nommé Kaldi constata un beau jour que ses chèvres mangeaient les feuilles et les baies d’un arbre inconnu, aux fruits semblables à des cerises. Après cela, les chèvres étaient soudain pleines d’entrain et d’énergie. On raconte même que certaines se mettaient à danser. Kaldi finit par se douter que cet état avait été provoqué par les baies que les chèvres avaient dévorées. Alors, il goûta lui-même ses baies et découvrit un nouveau sursaut d’énergie soudaine en lui. Peu après, un moine remarqua la grande vigueur de Kaldi et lui demanda quel était son secret. Kaldi lui parla de la plante et le moine partit récolter les baies pour les rapporter au monastère où les moines les utilisèrent pour rester éveillés pour les prières et l’étude nocturnes. Selon une autre légende, un homme aurait été condamné par ses ennemis à errer dans le désert et à y périr. En plein délire, le jeune homme aurait entendu une voix lui ordonnant de manger le fruit du caféier qui se trouvait près de lui. Confus, il essaya de ramollir les grains en les plongeant dans l’eau, et comme il n’y parvenait pas, il but simplement la mixture. Voyant un signe du Ciel dans sa survie et son énergie, il retourna parmi les siens et prêcha sa foi et la recette.
Bien que ces histoires soient sûrement inventées de toutes pièces, les historiens s’accordent à dire que les membres de tribus de l’Afrique de l’Est avaient pour habitude de moudre les fruits du caféier et de mélanger cette poudre à de la graisse animale pour concocter une pâte. Les guerriers consommaient cette pâte, roulée en petites boules, car elle leur donnait l’énergie nécessaire aux combats. Plus tard, vers 1 000 ans avant JC, les Éthiopiens concoctaient une sorte de vin à partir des baies de café, en faisant fermenter les grains séchés dans l’eau. Le café poussait également naturellement dans la péninsule arabique, et c’est là, au 11e siècle, que le café fut préparé pour la première fois sous forme de boisson chaude. Dans ces temps anciens, on pensait que les propriétés stimulantes du café entraînaient le consommateur dans une sorte d’extase religieuse, et la boisson finit par acquérir une réputation mystique, enveloppée de mystères et associée aux prêtres et aux docteurs.
En 980 avant JC, le grand érudit arabe, Avicenne, vantait les vertus médicinales du café, arguant que la boisson permettait de guérir tous les maux, des douleurs aux oreilles aux problèmes de foie. La version en hébreu de son ouvrage majeur, Le Canon de la médecine, fut publiée à Naples en 1491 et une édition en arabe parut à Rome en 1593.
Au 11e siècle, à La Mecque, un chef musulman, Sheik Abdul Hasan Schadhedi, fit bouillir son café éthiopien dans une eau magique provenant d’une source naturelle, il sépara la mixture et les grains, il les torréfia, les broya, les mélangea à de l’eau bouillante et offrit cette boisson à ses congénères atteints d’une maladie inconnue. La guérison des malades survint rapidement et Sheik Schadhedi devint un médecin réputé.
La culture du café remonte au 15e siècle. Pendant de nombreux siècles, la culture se concentra dans la région du Yémen, dans la péninsule arabique, qui devint alors le principal producteur de café au monde. La demande de café était très élevée au Proche-Orient. Les graines quittant le port yéménite de Mocha à destination des marchés d’Alexandrie et Constantinople étaient très bien gardées. En effet, il était interdit d’exporter des plantes fertiles. Malgré ces restrictions, les pèlerins musulmans venus du monde entier profitaient de leurs voyages à La Mecque pour ramener en contrebande des plants de café chez eux, et bientôt, la culture des caféiers s’étendit en Inde. Les premiers cafés du Moyen-Orient ouvrirent leurs portes au 14e siècle au Yémen, à la Mecque, à Damas et à Istanbul.
Sous l’égide du sultan du Caire, le gouverneur de la Mecque interdit le café en 1511 sous prétexte que « dans les cafés, les hommes et les femmes se rencontrent et jouent du violon et aux échecs, et s’adonnent à des activités contraires à nos lois sacrées. » Il finit par bannir complètement le café. Le sultan finit par réaliser que le gouverneur avait interdit le café car « il incitait les clients normaux des cafés à discuter des méfaits [du gouverneur]. » Alors, le sultan annula l’interdiction, découvrit la corruption du gouverneur et le condamna à mort.